je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

dimanche 6 mars 2016

Richard Flanagan : La route étroite vers le nord lointain

     Les Éditions Actes Sud nous propose une couverture très glamour bien trompeuse.
     Le livre de l'écrivain tasmanien, Richard Flanagan, nous emporte dans un tourbillon de souffrances et de gouffre sans fond, un voyage au bout de l'enfer.
     Au milieu de la deuxième guerre mondiale, les Japonais ont édifié un projet ahurissant et fou, celui de construire une ligne de chemin de fer reliant la Birmanie et le Siam.
     Cette "ligne", gigantesque et monstrueuse en pleine jungle hostile devient alors le chantier de la mort pour des milliers de leurs prisonniers australiens.
     C'est l'histoire de leur esclavage, de cette entreprise indigne et inhumaine que devient la guerre quand des hommes la dirigent. 
Les journées sont remplies de maladies épouvantables, de peur, d'épuisement par la faim et les brimades continues.
     Les scènes sont insoutenables tant la cruauté devient l'humaine condition dans cet enfer. Le climat éprouvant de la mousson aggrave encore plus la précaire santé des détenus.
     Dans le chaos le plus total, Dorrigo Evans, médecin australien , va tenter de soigner,  d'adoucir et d'accompagner le quotidien de ces hommes.
     A travers l'histoire de sa vie avant et après la guerre, nous allons savoir ce que deviennent ces hommes qui ont vécu une telle abomination mais aussi ce que vivent leurs bourreaux.
     Pour Dorrigo Evans, une parenthèse lumineuse éclaire le récit, celle de son amour fulgurant pour une jeune femme. Un amour interdit. 
     Survivre au camp, sera pour lui une façon de continuer et faire semblant d'exister auprès d'une famille et d'être plus seul que jamais malgré les conquêtes féminines et la reconnaissance professionnelle. Seul le souvenir d'un certain regard bleu ravive des souvenirs fantomatiques d'une mémoire qui s'efface.
     Richard Flanagan écrit ici un livre dense par sa construction, puissant par la façon qu'il a de plonger dans les âmes humaines et même inhumaines.
     Victimes et bourreaux sont mis à nus et l'après guerre sera pour ces hommes un rappel incessant de souvenirs, un abîme de grande solitude.
     Les descriptions crues et dures rendent le récit authentique, le souffle coupé  on ne peut lâcher la lecture.
     L'auteur joue aussi une certaine poésie et luminosité , en évoquant par exemple la beauté saisissante des haïkus après la description de l'horreur.
    A lire absolument.
Richard Flanagan - La route étroite vers le nord lointain - traduit de l'anglais (Australie) par France Camus-Pichon - Edition Actes Sud - 432 Pages - 23 Euros



2 commentaires:

Clara et les mots a dit…

Il m'attend sagement.

Marie a dit…

bonjour Clara et merci,
un très très bon moment