Aucun nom n'est donné aux personnages de cet hallucinant roman. Seulement des fonctions : le Guide, le Vigile, la Géante, le Psychologue...., aucune identité. Aucune situation géographique hormis une ville inconnue, une entreprise gigantesque qui fait tout, voit tout, organise tout, même la fin.
Au début du roman, le lecteur sourit et rit des mésaventures que rencontre l' Enquêteur : pas de taxi, il ne connaît pas la ville, il est perdu, cherche un hôtel, il neige... Au fil des personnages rencontrés le malaise augmente et le lecteur rit mal. Tantôt sympathiques, tantôt agressifs ils évoluent dans un univers incompréhensible et obéissent à des codes que l'enquêteur n'arrive pas à comprendre pas. Toutes les situations sont irréalistes. Le lecteur assiste impuissant à la déchéance de cet homme qui refuse cette incompréhension. Même en gardant sa lucidité de sa réalité il sombrera dans l'oubli de son identité, et dans la folie qui va le gagner malgré sa résistance.
Fable cauchemardesque qui n'est pas sans rappeler celles de Kafka, elle nous interroge sur l'anonymat de l'homme dans une société impitoyable qu'il s'est évertué à construire.
L'homme annihilé par un monde qui devient de plus en plus impitoyable et surtout incompréhensible.
Claudel nous sert une écriture subtile et percutante pour nous entraîner dans des zones sombres, celles des frontières.
Impossible de lâcher ce livre, il se lit d'une traite et ensuite on ne peut oublier cet homme et sa déchéance.
1 commentaire:
Oui, c'est sûr, c'est comme du Kafka. Mais il peut y avoir quelque chose de si profondément humain chez P.Claudel, de si beau malgré l'horreur, que je n'ai pas trop supporté cette déshumanisation dans L'Enquête.
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