C'est le portrait d'un jeune homme de Newark, Marcus, qui ne se soumet pas. Incapable d'accepter les conventions, il ne se résignera jamais. Eternel révolté, il refusera toutes les tyrannies.
Pourtant le héros est un gentil garçon juif, tout le monde le trouve gentil, même lui. Etudiant brillant, sportif, il aide dur son père dans sa boucherie kascher. Pour fuir son père devenu paranoïaque et l'empêche de vivre, il s'inscrit dans une université de l'Ohio.
A force de rébellion et d'impuissance, il va s'isoler et d'incidents en incidents il sera exclu et partira à la guerre. Le suspense finement mené nous fera comprendre que Marcus, se pensant mort, nous raconte son histoire de l'au-delà. Je n'en dirai pas plus.
Sur fond de guerre de Corée, Roth nous entraîne dans les années 1950 où conservatisme, morale, puritanisme pèsent sur la société.
Il décrit l'intolérance qui règne dans les universités à cette époque en imposant les offices religieux, en surveillant la liberté des étudiants et sauvegardant coûte que coûte les apparences.
C'est aussi l'histoire d'une peur, celle de la guerre. C'est aussi l'histoire d'une Amérique qui ne se lasse pas de donner des leçons et qui envoie des jeunes de 20 ans mourir à la guerre.
Comme d'habitude Roth fait subir à son personnage une libido intense et sa rencontre avec Olivia, Reine de la fellation, n'arrange rien. Les descriptions des samedis soirs arrosés où les étudiants en érection essaient d'aller au bout de leurs désirs, sont affreuses et drôles. Le sexe toujours présent, pour cet auteur qui reste quand même un éternel libertin.
Les scènes de vie de cette famille juive et de la boucherie kascher sont pittoresques et se lisent avec beaucoup de plaisir.
C'est un roman vif, intense et cruel sur l'impact des choix personnels à un moment donné de l'histoire mondiale. Si Roth écorche et bouscule l'Amérique et son hypocrisie puritaine des années 50, il nous montre avec force comment une vie peut sombrer dans la tragédie.
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