Empreint d'un réalisme glaçant, le premier roman de l'auteur paru en 1964 relate à travers le quotidien dans un ghetto juif, la barbarie nazie où hommes et femmes sont prêts à tout pour rester vivant juste un jour de plus.
Dans un style épuré et inlassablement répétitif, l'auteur va au delà du récit de mémoire pour regarder en face un monde déshumanisé où pitié et charité n'existent plus. Dans l'horreur, l'homme est face à sa nature barbare et plus rien n'existe. L'illusion d'humanité n'est qu'une illusion et le héros, Raneck nous montre dans ce néant la peur qui le tenaille et sa lâcheté, sa cruauté qui annihilent tout sentiment.
Dans ce ghetto en Ukraine, il n'y a plus de juifs, plus de communauté unie et luttant contre les nazis. D'ailleurs il n'apparaissent pas dans le récit. L'auteur regarde en face des hommes, des femmes qui ont perdu toute trace de civilisation et d'humanité. Dépouillant les mourants, vendant leurs corps, volant, tous s'épient et se haïssent pour survivre et ne pas être le prochain à remplir la fosse commune. Dans la puanteur et la nuit ce sont des bêtes traquées qui se cachent.
Le grotesque surgit au milieu de scènes hallucinantes de cruauté et d'ultime désespérance et l'auteur se sert d'un style volontairement cru et sulfureux pour nous emmener dans le noir absolu de cette nuit.
Hilsenrath décrit des personnages qui furent cafetiers, hôteliers, coiffeurs, prostituées mais avant tout survivants. Hommes et femmes que le lecteur avec le recul peut trouver misérables , lâches ou héroïques, ils témoignent pour les six millions assassinés.
Un livre insoutenable qui porte un regard froid sur la page la plus noire de l'Histoire.
2 commentaires:
Soulages, cela vaut le détour!
l'expo au centre Pompidou était très intéressant
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