Ce n'est pas vraiment un récit de guerre où le lecteur est plongé dans le sang et la boucherie des attaques, mais celui d'une humanité qui ne veut pas sombrer, mais qui chute quand même.
Affamés, frigorifiés, dans une marche hallucinée par la blancheur et le gel, ils débusquent presque par hasard un jeune juif se terrant dans un trou.
C'est sur le chemin du retour au camp, où ils livreront à une mort certaine leur prisonnier, qu'ils s'arrêtent dans une cabane isolée, aussi perdue qu'eux-mêmes, et qu'ils rencontreront un paysan polonais et son chien.
Antisémite, le polonais fera naître chez ces soldats un peu d'empathie pour leur prisonnier. Mais pour combien de temps ?
Au bout de nulle part, dans un froid que le lecteur ressent à chaque page, dans un dénuement le plus total, ils prendront un repas ensemble et donneront à ce huis clos une tragique dimension.
Mingarelli dans une écriture dépouillée et ciselée, raconte la solitude des hommes dépassés par leurs guerres et en quête d'une fraternité perdue. Sans donner de leçon, il raconte les bourreaux et les victimes, tous humains.
Déconnectés de leur passé, ces hommes se retrouvent dans l'horreur du quotidien et essaient de rallumer l'espace d'un ultime repas les gestes de la camaraderie.
C'est dur, pas une page pour se réchauffer, et la fin précipitée et haletante rejette le lecteur dans un monde où l'humanité avait vraiment disparue.
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