je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

mercredi 9 octobre 2013

Hélène Grémillon : La Garçonnière

     1987, Buenos Aires, 11 ans après la junte et ses horreurs,  hommes et  femmes essaient de vivre malgré les souvenirs qui leur abîment l'âme et les empêchent de poursuivre un quotidien qui  a perdu toute sa saveur.
     Quand la parole et les mots dits dans le cabinet d'un médecin aident et libèrent, les blessures demeurent au plus profond de l'être humain et le passé ne peut s'effacer.
     Hélène Grémillon s'inspire de faits réels et écrit  dans son deuxième roman une histoire complexe et sensible, sur fond de mémoire et de jalousie, une enquête sur l'Histoire et les hommes qui la construisent et la souillent.
     Un roman à tiroir où le lecteur se laisse emporter dans un suspens qui va crescendo  et se termine par une fin inattendue et dérangeante.
     Une femme Lissandra est retrouvée morte, défenestrée,  au pied de l'immeuble où elle vit avec Vittorio, son mari psychiatre. Tout porte à croire qu'elle s'est suicidée et pourtant tout accuse le mari du meurtre de son épouse. La police l'arrête.
     Une de ses patientes, Eva-Maria, va mener l'enquête pour prouver son innocence.
     En l'interrogeant, elle découvre un autre homme, met à jour des zones secrètes, mais  elle écoute surtout  les cassettes enregistrées de ses derniers patients. 
     En retranscrivant les entretiens, elle pénètre dans l'intime de trois personnes,  mais aussi dans l'Histoire. L'émotion est forte, sa fille a disparu pendant les heures sombres de son pays, elle boit pour continuer.
     Mais elle comprend aussi que si les victimes sont nombreuses, les bourreaux le sont aussi et ce qu'elle entend la bouleversera à jamais.
     Que ce soit la patiente ne supportant pas de vieillir et hait les jeunes femmes, à l'ancien militaire (bourreau ?) malheureux dans son couple ou de l'ami du psychiatre torturé, l'histoire de Lissandra, envoûtante danseuse de tango,  les témoignages alternent dans un rythme incessant.
     La construction est haletante. Les personnages se croisent entre lumière et ombre, entre quotidien et Histoire, entre amour et jalousie. Le lecteur devient suspicieux et se retrouve en totale immersion. 
     Un récit très fort.
    J'ai aimé ce roman intelligent, d'une grande finesse dans son élaboration et son style.



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