je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

dimanche 20 octobre 2013

Valentine Goby : Qui touche à mon corps, je le tue

     Par un titre qui résonne comme une menace glaçante, les mots de Valentine Goby nous plongent dans le destin et l'intime de trois personnages hantés par la même question : l'avortement. Si leurs parcours diffèrent, ils seront liés malgré eux le temps d'une journée, dès l'aube, de l'année 1940.
     Alors que la nuit n'est pas tout à fait achevée et que l'aube n'a pas commencé, Lucie L., une jeune femme mariée, issue d'un milieu social aisé, se tord  de douleur dans son lit, sans un cri, elle souffre. Elle avorte, elle est seule. Elle refuse cette grossesse et ne parlera pas de son choix à son mari. 
     Une femme malheureuse qui a choisi un avortement clandestin et les risques mortels pour  trouver la voie de la renaissance.
     Au même moment, en prison,  Marie G. espère une journée supplémentaire de sursis  et d'espoir. 
On l'appelle une faiseuse d'anges, une femme qui avorte. Emprisonnée, elle va être condamnée à mort.  Accusée d'être une mauvaise mère, mauvaise épouse, mauvaise femme, mauvaise tout court, elle sera l'exemple du Maréchal Pétain prônant l'amour de la famille et veut le montrer par son refus de grâce présidentielle. Elle sera exécutée.
     Et puis, il y a Henri D., le bourreau, l'exécuteur, celui qui applique la loi , un père de famille dont le fils s'est suicidé, son passé douloureux le rattrape et ses relations particulières avec son épouse le tenaillent.
     Entre ombre et lumière, entre souvenirs chaleureux et présent de souffrance, entre regrets et remords, chacun de ses trois héros raconte son histoire la plus secrète, sa douleur la plus profonde.
l'omniprésence de l'amour maternel et familial  qui représente la cause de leur manque d'aujourd'hui.
     L'écriture est âpre et sensible à la limite du supportable. Les détails de la journée de ces trois personnages sont douloureux de vérité.
     L'anonymat les rend plus réels encore. Un roman d'une grande noirceur pour dénoncer ce droit que la société s'octroie pour juger, condamner, diffamer les femmes dans leur choix d'avorter. 
     Deux femmes dans ce livre, victimes et condamnées au bord de tous les gouffres. L'homme est celui qui exécute.
     Beaucoup de sujets sont évoqués dans ce livre, sujets profonds sur le droit de disposer de son corps.
     Qui touche à mon corps, je le tue fait partie de ses livres qui ouvrent à la discussion, même si la lecture est dure, le style sec et âpre, l'atmosphère noire, c'est un livre fort qui questionne.

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