je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

vendredi 8 novembre 2013

Pierre Lemaître : Au revoir là-haut

Lauréat du très prestigieux et très convoité Prix Goncourt 2013, Pierre Lemaître a été honoré pour son roman "Au revoir là-haut". Epoustouflante fresque romanesque sur le destin de deux poilus, improbables amis et pourtant frères à tout jamais. Liés par la guerre, les blessures et la solitude, ils resteront liés à jamais.
Si cet ouvrage ne fait pas partie du genre littéraire qui a fait la renommée de l'auteur, c'est à dire le polar, il est en tout cas une incroyable aventure humaine.
L' écriture haletante à la gouaille insolente, frôle intelligemment l'humour  et le macabre, l'Histoire et les règlements de compte tout a fait personnels.
Une écriture vive, intense qui tient le lecteur par ses rebondissements et ne le lâche plus jusqu'à une fin, non convenue, qui donne à ce roman une dimension de réquisitoire.    
Sur fond d'arnaque aux monuments aux morts (fictive) et sur fond de scandale financier dans les exhumations des corps (réel) le roman débute deux jours avant l'armistice de 18, autant dire la fin de la guerre et se termine en 1920, à la première commémoration de cette guerre.
Trois personnages occupent la scène de cette immense boucherie, pendant  une des dernières offensives sanglantes contre les allemands : le lieutenant Pradelle, vaniteux et dangereux opportuniste , et deux poilus Albert et Edouard dont les origines sociales diffèrent mais dont les destins sont soudés pour toujours.
Témoin malheureux d'une monstruosité que seule la guerre et la vanité peuvent révéler chez un hommetel que le lieutenant Pradelle, Albert aurait dû mourir pour cela. Edouard, dans un acte de bravoure le sauve et devient par son héroïsme, gravement blessé au visage. Il devient une des ces nombres Gueules Cassées qui hanteront les années après guerre.
Rien n'est épargné au lecteur de la souffrance physique et morale de ces deux amis, de l'odeur pestilentielle des hôpitaux surpeuplés, des combats d'une intense violence, de cette sauvage boucherie. On sent, on voit, on touche presque cette peur avant les assauts. On éprouve pour ces jeunes soldats une grande empathie.
Incapable de les prendre financièrement  en charge, l'Etat manque de totale reconnaissance.
Pourtant dans ces moments de guerre, certaines s'enrichissent, truandent, escroquent. Le lieutenant Pradelle en fait partie.
Le lecteur suit la vie de ces trois protagonistes, qui se croisent, s'épient, se terrorisent aussi.
La guerre est vue comme une farce macabre et les hommes politiques sont pathétiques.
Il y a beaucoup dans ce livre sur les relations difficiles entre un père et un fils artiste et original, entre une mère et un fils timide et réservé, sur la vengeance et  l'ambition à tout prix.



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