Joseph Boyden possède l'art et la passion de nous faire partager dans ses livres, la vie des amérindiens au Canada. A travers des personnages attachants et émouvants, marqués par leurs origines, par leur solitude et entraînés dans cette grand marche du monde où leur vie s'est parfois brisée et leurs espérances perdues.
Avec des mots uniques, des descriptions prodigieuses de la nature, il plonge le lecteur dans une ambiance où la réalité fait la part belle à la magie, aux croyances de ces peuplades oubliées.
Dans "Le grand cercle du monde" trois voix vont prendre la parole, trois vies vont se dérouler sous nos yeux pour raconter un moment de l'Histoire du Canada, où Champlain souhaite créer une Nouvelle France avec une nouvelle ville, Québec.
Nous sommes au 17ème siècle et les échanges commerciaux entre les Blancs et les Indiens deviennent un enjeu politique important. Mais ils sont difficiles et souvent bien inégaux pour ces tribus vivant au rythme de la nature. L'installation des Jésuites auprès de certaines tribus indiennes est source d'incompréhension et de violence.
Trois narrateurs vont raconter leur point de vue :
Un jésuite d'origine bretonne, Christophe, convaincu du bien de sa mission chez ces peuplades sans foi. Installé avec d'autres missionnaires chez les Hurons, ils vont découvrir un monde hostile où les coutumes sont d'une terrible violence.
Oiseau, le Chef Huron, remplit de haine et de vengeance à l'égard des Iroquois qui ont massacré toute sa famille. Il adoptera comme sa fille, une jeune Iroquoise capturée lors de représailles.
Chutes de Neige, la jeune fille adoptée par Oiseau, qui voue une haine à l'égard des Hurons mais qui reste unie à la culture indienne et y trouve le réconfort, la source même de sa survie et un certain amour pour son père adoptif.
La brutalité des conflits entre Iroquois et Hurons est décrite avec justesse et précision.
Le lecteur se rend compte que la présence des Jésuites et l'évangélisation des indiens ne sont pas les seules raisons du déclin des Indiens.
L'auteur comme toujours possède le talent pour alterner la lumière et le désespoir, la violence et la paix, l'amour et la haine.
Le choc de deux mondes, de deux cultures est très bien décrit et l'on comprend pourquoi il ne pouvait pas y avoir de rencontres, de compréhension, d'entente.
Certaines scènes à mon avis sont un peu trop répétitives, comme celles des tortures que les indiens font subir à leurs prisonniers ou certaines descriptions qui deviennent vite documentaires.
J'ai aimé les personnages secondaires comme le compagnon du Corbeau Noir, frère Isaac, Petite Oie ou Renard qui sont plus authentiques dans leur mission ou leur croyance que les personnages principaux souvent trop prévisibles.
Il n'en reste pas moins une maîtrise absolue dans la narration et la construction littéraire.
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