je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

jeudi 3 juillet 2014

Eric Fottorino : Chevrotine

La quatrième de couverture, par une phrase énigmatique et choc, plonge le lecteur dans l'atmosphère sombre et violente  du dernier roman de Fottorino : " Toutes les femmes attendent le grand amour, ta mère cherchait son assassin."
Une accroche qui ne s'estompe à aucun moment du livre.
Dès les premières phrases, le lecteur sait qu'il y a eu un crime passionnel et que l'histoire s'est terminée tragiquement.
Aujourd'hui malade et en fin de vie, Chapireau , un marin au grand cœur reconverti en ostréiculteur, décide d'écrire à sa fille Automne, une ultime lettre.
Il veut lui raconter comment et surtout pourquoi, 20 ans auparavant, il a tué sa mère d'une balle de chevrotine, faisant croire à jamais à une éternelle fugue.
Mais peut-on vraiment trouver les mots pour expliquer le côté sombre et destructeur de Laura, la trop belle rousse lumineuse mais tellement manipulatrice.
Fottorino est un brillant observateur de la déliquescence de ce couple pour qui tout avait si bien  commencé. Il choisit les mots de la désespérance pour tracer le portrait d'un homme amoureux simplement, face à la folie d'une femme qui n'aime que le combat.
Veuf élevant seul ses deux jeunes garçons, Chapireau vit dans le souvenir de sa première épouse trop tôt disparue, jusqu'au jour où Laura débarque dans sa vie avec fracas.
C'est la passion, l'amour et surtout le grain de folie qui lui manquait. Laura va lui donner tout ça et même plus.
Une famille recomposée, qui pendant tout le roman tend à atteindre un bonheur qui n'arrivera jamais.
Chaque journée qui passe est assombrie, par l'imagination sans borne de Laura à tout gâcher.
Elle mettra une énergie inouïe à blesser, humilier, saccager l'existence de Chapireau.
Manipulatrice envoûtante,  elle arrivera à l'éloigner à jamais de ses fils, mais le récupérant toujours au dernier moment selon sa volonté et son charme.
Fottorino nous fait aimer cet homme au grand cœur, faible et naïf dans son amour éperdu pour une femme qui l'aime, lui.
Malgré la distance qu'il met vis à vis de ses fils, de l'éloignement physique qu'il leur impose pour garder Laura, l'auteur arrive à nous toucher par sa souffrance et le naufrage de sa vie.
L'arrivée de leur fille, Automne, ne fera que précipiter une fin inéluctable.
Ancrée, à la Rochelle et dans les environs, l'histoire raconte un combat à mort entre un couple qui ne pouvait pas s'en sortir.
Fottorino nous captive par ses mots et son talent à raconter l'intime.
Un très beau et sombre roman qui nous hante encore une fois le livre refermé.




3 commentaires:

Jo a dit…

Une histoire prenante, un style époustouflant .On ne lit pas ce livre, on le vit, on s'identifie à tous les personnages et on vibre avec chacun. Mais on en sort meurtri et soit on se jette sur la définition de la résilience, soit on se dit "mektoub".

Jo a dit…

P.S. je ne suis pas tout-à-fait d'accord avec la quatrième de couverture, ou alors avec une nuance : ta mère, en tuant à petit feu, cherchait à se faire assassiner!

Marie a dit…

merci Jo pour tes commentaires, et surtout pour ta nuance...
cette histoire familiale est dramatique et Fottorino donne une dimension énorme à son héros.
La quatrième de couverture est remarquable par sa brièveté très réussie.