1885, la France instaure la loi de relégation qui permet d'envoyer au bagne, les récidivistes de petits délits ayant subi deux condamnations dans un délai de 10 ans.
Parmi ces condamnés se trouvent des femmes. Elles ont été 2 000 à être reléguées dans l'enfer du bagne de Cayenne.
Le but est de purger le pays de pauvres gens indésirables et de repeupler cette colonie française.
Aucune femme n'est jamais revenue.
Le journaliste Albert Londres s'est rendu en 1923 à Cayenne pour un reportage mettant la lumière sur les conditions de vie inhumaines de ces bagnards oubliés de tous.
L'auteur rend un hommage poignant à ces femmes qui surveillées durement par des religieuses ont été enfermées dans des conditions honteuses et sordides.
Ces femmes, dont la France ne veut plus entendre parler, sont destinées à être mariées avec les bagnards ayant purgé leur peine. La loi de doublage oblige ces derniers à résider la même durée que leur peine à Cayenne.
Abusées, violées, battues, elles découvrent une vie en communauté faite de travail intense et de privation de nourriture. Vieilles avant l'heure, finies, oubliées du monde quand on sait qu'elles avaient juste volé pour manger.
Marie Barbête a été l'une des dernières bagnardes et Albert Londres l'a sans doute rencontrée.
Tout au long du récit elle donne sa voix et raconte le calvaire enduré dans une jungle hostile et immonde.
L'auteur nous livre un témoignage très émouvant et dur sur une page sombre de notre histoire, où bagnards et fonctionnaires ainsi que leurs familles ont vécu dans un monde hors du temps.
Les personnages sont un peu caricaturaux mais ils représentent bien l'humanité qui a perdu son âme dans un endroit où les conditions de vie étaient insupportables.
L'écriture reste, et c'est dommage assez simple, le romanesque l'emporte parfois sur la profondeur des thèmes qui mériteraient d'être approfondis : l'éloignement définitif, la prostitution, l'homosexualité.
Le roman est intéressant pour la réhabilitation faite à ces femmes dont l'histoire n'a pas retenu grand chose mais il reste un peu superficiel.
Bernadette Pécassou-Camebrac - La dernière bagnarde - Editions Flammarion - 312 pages - 20 Euros
1 commentaire:
Beaucoup aimé l'histoire, très instructive et haletante qui donne envie de se documenter plus avant sur le bagne.
Dommage que le style ne suive pas.
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