Jim Harrison aimait le Montana, la nature, la pêche et l'exubérance des grands espaces. Son oeuvre est un hommage éternel à la beauté de ces paysages et aux hommes et femmes qui y vivent.
Dans "Les jeux de la nuit", trois longues nouvelles, il nous emmène une fois encore au Montana et au Texas en passant par le Canada.
La nature y est toujours très présente, peut-être moins éclatante, plus obsédante et douloureuse.
Il met en scène trois personnages dont la solitude profonde est d'une grande émotion.
Dans la première nouvelle, "La fille du fermier", Sarah découvre le Montana avec ses parents, c'est une jeune fille solitaire. Elle joue du piano, lit beaucoup, n'a pas beaucoup d'amis. Après une soirée très arrosée, elle est agressée. Elle connaît le coupable et veut le retrouver. La vengeance s'empare de sa vie.
Dans "Chien Brun, le retour", tout est dit. Pour les amateurs de Jim Harrison, c'est le métisse indien, l'ami cher au cœur de l'auteur qui le fait vivre au fil de ses romans. Plus que jamais célibataire endurci, il s'occupe d'une enfant handicapée au Canada où il est entré illégalement. Beaucoup de femmes s'agitent dans son existence et il n'est pas avare de sexe. L'auteur se défoule complètement, c'est cru, vulgaire et obsessionnel. Mais le désespoir et la solitude occupent tellement l'espace que les situations sont tristement cocasses.
La dernière nouvelle donne le titre au roman. Elle est de loin pour moi la plus aboutie et la plus complexe. Tout est là du grand auteur. la nature forte , la pêche, les feux au bord de la rivière et des héros à la recherche d'un horizon paisible, seuls toujours.
L'histoire est celle de Samuel, enfant de "parents ratés", qui verra son comportement se modifier à chaque pleine lune après avoir été mordu par un louveteau. Une maladie qui se concrétise par un excès d'appétit et de sexe. Le mythe du loup-garou dans le Montana.
Jim Harrison a utilisé toujours les mêmes thèmes, la nature, l'alcool, la bouffe et le sexe mais il s'empare si bien des personnages, hommes ou femmes, qu'il nous fait vivre leur solitude et leur désespérance au plus profond de leur âme. La rédemption est difficile dans cette nature âpre.
L'écriture est juste et quand elle est un peu paillarde c'est la douleur qui en ressort. Celle d'une Amérique qui blesse et oublie les fragiles et les marginaux. Elle les oublie le long de ces routes infinies ou dans ces grands espaces où il n'est plus souvent possible de rêver.
Jim Harrison - Les Jeux de la nuit - Editions Flammarion 2010 - Traduit de l'américain par Brice Matthieussent - 333 Pages - 21 €
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire