Dans son dernier roman, avec sa même délicatesse, elle prend sa plume poétique et lyrique pour marcher sur les pas de son grand-oncle, Jacob.
C'est le fulgurant destin de Jacob, 19 ans en 1944, né à Constantine dans une famille juive très envahissante où les hommes aiment se montrer les maîtres et où les femmes dans l'ombre essaient d'occuper leur place.
Jacob, Jacob prénom doublé, murmuré, adulé, prononcé sans fin par une mère aimante qui le scande au delà de l'absence.
L'auteur fait revivre ces chers disparus, ces êtres lumineux et courageux que l'Histoire va anéantir.
A 19 ans, Jacob est appelé sous les drapeaux pour rejoindre le bataillon de De Lattre de Tassigny et libérer la France.
Lui, le petit juif de Constantine, dont les lois françaises en 1941 faisaient de lui un indigène, a décidé de combattre les allemands.
Du débarquement en Provence remplie de soleil jusqu'à la neige des Vosges, il restera à jamais avec ses amis, juifs, français, musulmans, ces soldats venus d'une Algérie lointaine. Dans l'horreur des combats ils se souviennent de Constantine, ils se rappellent leur famille, ils portent en eux un monde qui se termine.
Vanérie Zenatti avec ses longues phrases envoûtantes, nous transmet l'enfance avec toutes ses nuances subtiles, ses silences et ses peurs.
Le récit se fait lancinant et rythmé comme la langue arabe parlée par cette famille juive.
Le lecteur est pris par le tourbillon de la vie, par la folie des combats, par la mort des innocents.
Mais c'est avec beaucoup d'émotion, que l'auteur nous parle de la nostalgie d'une Algérie aimée et perdue.
C'est un beau roman, et le lecteur gardera longtemps en mémoire, ce prénom Jacob murmuré sans fin, pour ne pas oublier, pour ne pas l'oublier.
Valérie Zenatti : Jacob, Jacob - Editions de l'Olivier - 166 pages - 16 Euros
1 commentaire:
Quel style pour nous emmener sur les traces de Jacob! On entre dans l'intimité de cette famille juive constantinoise comme on entre chez soi.
J'ai vécu avec eux, rit avec eux, rouspété avec eux, souffert avec eux, espéré avec eux, me suis rebellée avec eux....
Et j'ai pleuré avec eux.
Et je suis allée à Constantine avec mon ordi me payer un petit tour de vertige...
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